Deuxième samedi : Cellistrae

Bwonsamdi siffla la mage occupée à lui remplir son verre :

« Je peux demander à mon petit bloc de glace préféré deux doigts de givre ? On dirait que ce rhum vient du pic de la fournaise d'Un Gorro ! Ha ! Les offrandes aux loa, c'est plus ce que c'était ! »

La mage, frotta légèrement le verre du Baron dans ses mains, et deux glaçons parfaitement dessinés se matérialisèrent. Portant sa boisson à ses lèvres, Bwonsamdi toisait la serveuse trolle d'un air lubrique :

« Je sens comme un froid entre nous ma jolie, tu veux pas retirer ta robe pour briser la glace ?

__ Tu vas avoir droit à la même réponse que tous les samedis : même pas sous potion de rêve ! », rétorqua la mage l'air pincé.

Le Baron s'éloigna en riant.

Il se dirigea vers le fond du cimetière, dans un carré ou avaient été inhumés les défunts les plus récents. Se penchant sur une tombe fraichement creusée, il se saisit d' une cigarette déposée sur la pierre tombale. La portant à ses lèvres, il scruta par-delà les brumes qui l'entouraient ; du lourd portail de l'entrée du cimetière, entraient des dizaines de formes spectrales, flottant de façon désordonnée, hésitantes, se fondant les unes aux autres, lorsqu'elles se bousculaient maladroitement :

« Il y a du monde ce soir, marmonna le Baron clope vissée au bec.

__Oui, c'est à cause des 30% du War Mode accordés à l'Alliance, et de leur arme 400 répondit un troll, occupé à récolter les offrandes déposées sur les tombes.

Crachant au sol, le Baron soupira :

__ Je vais bientôt plus avoir de place, il va nous falloir envisager de nous agrandir ! Hein mon petit Straellice ? Je vais leur réclamer leurs capitales pour cimetières !

___ Moi j'veux bien, râla le démoniste, mais sérieux, ils sont braillards ceux-là ! Ils peuvent pas faire des raids sur Lune d'Argent, qu'on ait des esprits de bonne compagnie ?

__Allons, Allons, mon jeune ami. Bwonsamdi prit Straellice par l'épaule, Mathias arrive ce soir avec des copines de Tiragarde. T'entends, ça mon pote ? Ce soir on fricote avec de la bigote !

Mais nous manquons à tous nos devoirs, allons accueillir nos invités ».

Bwonsamdi prit place près de son autel au centre du cimetière, son visage éclairé par des bougies dansant au son d'un invisible orgue. Ouvrant grand ses bras, il clama d'une voix théâtrale :

« Bienvenue mes amis ! Vous voici mes hôtes pour l'éternité ha ! ha ! Vous avez raté votre vie ? Je ferai de votre mort un divertissement perpétuel, vous allez regretter de ne pas être décédé plus tôt, ha ha ! Welcome to the Bwonsamdi Funky Abomination ! »

Les ombres n’hésitaient plus et convergeaient toutes vers Bwomsamdi. Tous les cierges s'éteignirent d'un coup, sauf une petite bougie qui brillait doucement....

Le Baron la prit dans ses mains et soufflant doucement dessus :

« Ce n'est pas encore le bwon moment, pour nous... »