Cinquième samedi : Zàrock
- Tanatris
- 17 févr. 2019
- 11 min de lecture

Sentant le regard de l’émissaire sur lui, l’Honorable juge Bohrinn, assis sur un tabouret, les pieds plongés dans un bac, fit l’article à son visiteur : « Bac en bois des forêts de Teldrassil et bière de Dun Morogh, on n’a pas fait mieux pour la circulation du sang ! A part ça, Ils ne connaissent plus le Samedi à Hurlevent ? ! Et pourquoi ce fieffé juge Symon m’envoie un sous-fifre ?
__ Votre Honneur, le juge Symon vous présente ses hommages et ses plus plates excuses, il a été retenu au chevet d’un parent malade…
__ Foutaises ! Tu crois que je ne sais pas que cette vieille carne a chasse dans la vallée de Strangleronce, tous les samedis ? - prenant à témoin ses élèves debout religieusement en cercle, - vous voyez comme le respect entre confrères s’est envolé en fumée ? Comme Darnasus !
__ Votre honneur, l’affaire qui m’amène par devers-vous, est un problème délicat de conflit de juridictions, concernant l’assassinat de l’eaugure Pike. Le corps ayant été repêché dans les eaux de Menethil, et l’accusé Shaw étant citoyen humain, Hurlevent requiert votre aide pour rapatrier son prisonnier détenu en Boralus..
Le nain s’énervant,
__ Mais que dalle ! Le cadavre a été retrouvé aux Palluns, c'est tout ! La victime et l’assassin n'ont rien à voir avec le royaume nain ! Il ne s’est même pas fait planter ici ! Je suis très bien, moi, à régler des affaires d’affections inappropriées entre bergers et béliers, je n’ai pas envie de me salir les mains avec vos magouilles du SI 7. Que le juge Symon prenne son courage à deux mains, et qu’il traite directement avec les Kul’tirans !
__ Votre honneur entendez-nous, je puis vous assurer que le SI 7 n’a rien à voir avec tout ceci. Aucun assassinat qui ne soit pas politique, n’est commis au nom de la couronne de Hurlevent », dit une femme que personne n’avait vue arriver.
S’agitant sur son tabouret, le juge Bohrinn prit la teinte écarlate de raisins sur le point d’exploser :
« __ Qu'est ce.....M’enfin, on entre dans cette Forteresse comme dans une auberge d'Elwynn !! Le premier manuel d’histoire qui me présente Forgefer comme une citadelle imprenable, je fais jeter son auteur dans la grande lave ! Qui est cette femme ? »
Avec aplomb la jeune femme s’avança plus près du juge, et avant que l’émissaire n’ait eu le temps de répondre :
« __ Je suis la personne qui a le plus envie de voir Shaw se balancer au bout d’une corde, mais pas pour un crime qu’il n’a pas commis ! Gêné l’émissaire, enchaina,
__ Votre Honneur je vous présente Madame Shaw. » Le nain tendit ses jambes hors de l’eau et deux étudiants se précipitèrent linge sec en main, pour lui éponger les pieds et les chausser de sandales. Le juge se leva et une lueur malicieuse dans les yeux, il répondit :
« __ Évidemment, chère Madame, je veux bien vous croire sur ce dernier point, et vous reconnaitre l’abnégation d’une épouse dévouée, mais si vous êtes convaincue de l’innocence de votre mari…..
__ Non, non ! l’interrompit Madame Shaw, mon mari est cent fois coupable ! Mais toujours dans le cadre de ses missions, enfin, sauf pour les crimes que je lui reproche en tant que mari…C’est pour cela que nous voulons le récupérer, il n’était dans l’intérêt de personne de nos royaumes, que le frère Pike soit assassiné, et encore moins de faire porter le chapeau au SI 7 ! Tout cela ressemble à une conspiration, et garder mon mari en prison ne fera qu’aggraver les conséquences de ce complot, jusqu’à présent, couronné de succès ! Nous devons découvrir qui est derrière cette machination ! »
Caressant sa barbe, le nain semblait réfléchir :
« __ Et qu’en pense le Conseil des Trois marteaux ? Ou le Sénat ? Pour traiter directement avec Boralus, il semblerait plus adéquat de faire appel à eux. Célestin mon second, peut vous rédiger une recommandation de ma part.
__ Le Conseil des trois marteaux, votre Honneur dit que s’il rémunère grassement des juges c'est pour ne pas être enm**- Célestin toussota - ennuyé, avec ce genre de questions.
__ Faites intervenir le Sénat alors, par ma barbe, ce fichu truc ne sert à rien.
__ Le Président du Sénat rappelle à votre Honneur qu’il est une institution exclusivement naine, et que de fait, il ne saurait intervenir dans une question de conflit de juridictions.
Mettant fin à sa série de cent pas, le juge se tirant toujours la barbiche, se ravisa :
« De toute façon, je n'ai pas envie de mettre le doigt dans ce qui semble être une affaire d'Etat, plus vite on se débarrasse du cas Shaw, - sauf votre respect Madame- au mieux on se portera.
Célestin ! Ecrivez ! » Tandis que Madame Shaw et l’émissaire échangeaient un sourire entendu de satisfaction, un étudiant apporta en s’empressant un tabouret au juge qui s’asseyant, se mit à dicter :
« A l'attention de l'Honorable Tabaly, Juge de la très gracieuse famille Portvaillant, Amiraux de l’Amirauté de Boralus,
Cher éminent confrère,
Vous détenez en vos geôles un prévenu accusé du meurtre d'un prêtre eaugure de son état, le Frère Pike, dont le cadavre a été retrouvé flottant dans les eaux de Menethil. Précision faite que la victime a été vue dans le Port de Hurlevent vivante, et que l'accusé étant citoyen de Hurlevent, nous souhaiterions soumettre à votre sommité....
xxxxxx
L'Honorable juge Tabaly de Boralus, le visage recouvert de boue d'algues, allongé à plat ventre, se faisait masser le dos, pendant que l'étudiant lui faisait lecture du courrier qu'il tenait entre les mains :
« …l'extradition du sieur Shaw pour les besoins de notre enquête, qui recouvre deux juridictions, le sieur Pike ayant hélas rendu l'âme sur nos terres, ce qui fait primer notre juridiction sur la votre, selon les lois en vigueur des attributions des juridictions des Tribunaux de l’Alliance.
Veuillez, agréer cher confrère.... »
Le juge l'interrompit :
« __ Bla, bla et bla ! Non mais, et puis quoi encore ? Ils sont devenus fous aux Royaumes de l'Est ! Je lui file une médaille aussi, tant qu'on y est, non ?
Prudemment, Antonin reprit,
__ Je pense votre Honneur que si Hurlevent et Forgefer s'en mêlent, c'est qu'il doit s'agir de bien plus grave, qu'une simple affaire de juridictions. »
Repoussant son masseur, le juge s'assit :
« __ Penses-tu ! Ce diable de Shaw doit détenir de quoi faire trembler plus d'un rondouillard corrompu à Hurlevent, et c’est sûrement l’un de ces notables, pris la main dans le sac d'une quelconque affaire de mœurs à Goldshire, qui veut assurer ses arrières !
__ Le SI 7 est puissant votre Honneur, c'est un État dans L’État, ils ne laisseront pas leur chef se balancer au bout d'une corde, sans tenter le tout pour le tout, pour le tirer de là.
__ Et moi ? On pense à moi ici ? Si j'autorise l'extradition de Shaw, les pauvres et les religieux vont croire que je ne fais pas état du petit peuple, que je les brade au profit d’intérêts politiques, que la vie d'un homme ne vaut pas plus que le découpage d'un carte de juridiction !
__ Votre Honneur, c'est l'inverse, - Antonin s'approcha de la table de massage du juge et se saisit d'une éponge avec laquelle il frotta le dos du magistrat -,
__ Nous évitons une action violente de ces terroristes du SI 7, et nous refilons cette enquête puante aux Royaumes de l'Est, car il ne faut pas se leurrer, si un assassin tel que Shaw se met à assassiner du religieux, ça ne peut être que pour couvrir quelque chose de plus grand, de plus monstrueux ! »
La figure verte acquiesça :
« __ Tu as raison mon bave Antonin, mais Katherine....Comment est ce que je règle ça avec elle ? Elle n’acceptera jamais que je prenne une telle décision sans lui en parler, et si je lui en parle, elle va refuser.....
__ Votre Honneur, faites ce que vous savez faire le mieux : appliquer la loi. Fixez une caution élevée comme garantie de l'extradition, quant à Katherine, vous lui rappellerez le principe d'indépendance de la justice, et du respect des lois communes à tous les Royaumes de l’Alliance…
__ Hmmm.....Certes certes.....et le peuple ? Comment est-ce qu’on n’empêche des agitateurs de s’emparer du sujet, et de jouer les fauteurs de troubles ?
__ Prenons les devants votre Honneur, je contacte la gazette de Boralus qui vous suivra en reportage, lorsque vous remettrez l'argent de la caution au dispensaire des frères eaugures ; de là-bas, vous ferez un discours pour rappeler votre sévérité contre les criminels, et si un journaliste vous pose la question de la future tenue du procès…
__ Je charge Katherine et les royautés des Royaumes de l’Est, en arguant que je ne fais que répondre aux ordres et que je respecte les accords d’extradition blabla et bla. Tu es un génie Antonin, quand je serais nommé magistrat suprême crois-moi, que je penserai à toi ! Va chercher de quoi écrire, je vais répondre au juge Bohrinn, et…surtout... bouche cousue, ces gredins du Si 7 sont partout ! »
Antonin sortit et un sourire mauvais sur les lèvres, murmura :
« __ Tu crois pas si bien dire le vieux, on est partout !..... »

Plongé dans un bassin qui pouvait contenir cent Taurènes, au centre d'une pièce immense, faite de colonnades, et de marbre au sol ; deux elfettes occupées à le savonner, Garagix s’époumona :
« __ Non non et non ! Je filerai pas un coper pour ce bon à rien de Shaw !
Zàrock occupé à admirer son reflet dans le miroir, semblait à peine calculer le gobelin : il se trouvait incroyablement beau. Passant une main sur ses cheveux gominés plaqués en arrière, il croisa les jambes, et répondit enfin avec flegme :
« Je craints que ce ne soit là une réponse que ne peut entendre le Baron et....moi non plus, ajouta-t-il une lueur menaçante dans les yeux.
__ Le Baron, parlons-en du Baron ! Il tue Pike, fait accuser Shaw, et maintenant il veut que je paye une caution pour le faire libérer, mais enfin pourquoi !?
__ Je ne me demande jamais pourquoi, répondit d’un ton précieux Zàrock, c'est la question que posent les victimes, et je suis le chef de l’escadron de la mort. » Derrière lui, une dizaine de jeunes gens copies conformes, redingotes noires et cheveux de jais, acquiescèrent d’un hochement de tête :
« __ A ce stade, tu devrais plutôt demander combien ? Ou quoi, en échange ?
__ Ohhh !! Connaissant Boralus et l’attachement qu’ils ont pour leurs eaugures, c'est une caution qui doit se compter en millions ?
__ Dix sept millions de pièces d’or, tout rond ! confirma Zàrock. »
Garagix tomba instantanément à la renverse, victime d’un malaise. Son garde du corps se précipita pour le maintenir hors de l'eau, et le sauver d’une noyade certaine, dévoilant ainsi une intimité qui fit se détourner les têtes, de tout l'escadron de la mort.
Confortablement installé sur un sofa, et emmitouflé dans un peignoir cousu de fils d'or, Garagix se remettait doucement de ses émotions, en sirotant une tasse de thé apportée par une de ses servantes :
« __ Mon or n'est pas inépuisable, - laissa-t-il échapper dans un filet de voix,- j'ai des harems dans chaque continent, chaque région ! Et comme je n'ai pas d’enfant, j'ai encore plus de temps pour avoir encore plus de harems ! Vous savez l'argent que ça me coute à chaque fête, chaque anniversaire, chaque fête de l'amour, n'en oublier aucune….
__ Et bien, cela peut s'arranger, fit Zàrrock, d’un ton doucereux en tapotant les doigts de ses mains jointes, cela rentre dans nos compétences de contribuer à réduire drastiquement vos effectifs ; sans cris, sans larmes, sans heurts...
__ Non. Je suis radin, mais pacifiste ! Quelle est l'offre du baron ?
__ En dehors de te laisser la vie sauve et te permettre de conserver la jouissance de tes biens, énuméra Zàrrock, Bwonsamdi t'offre la chance de devenir le parrain....d'un futur roi. Plus puissant, que tous ceux réunis aujourd’hui, et de récolter ainsi les fruits de notre collaboration. »
Garagix reprit soudain des couleurs et réfléchit à voix haute :
« __ Hmm…. qui dit nouveau roi, dit guerres de successions, qui dit guerres, dit destructions, donc, besoin de financement pour détruire ; qui dit destructions dit constructions, donc besoin de financements pour reconstruire, ça ma va ! Après tout ces dames ont été trop gâtées. J'accepte, mais je veux le monopole sur toutes les concessions, de tous les cimetières de Zandalar !
__ Accordé, répondit Zàrok en se levant, - ne traine pas -, envoie un paiement anonyme, avant la fin du jour, au juge Tabaly.
Zàrrock et ses funestes compagnons se levèrent et quittèrent la somptueuse salle des bains de Garagix , en ayant adopté leur forme de voyage de chauve-souris. Ils passèrent par un long couloir sur lequel donnaient des chambres cachées par de longs voiles de mousseline.
Ce que le gobelin avait oublié, c’était que l’escadron de la mort ne repartait jamais sans prendre de vies… Dans les alcôves confinées quelques cœurs cessèrent de battre, tandis que battaient les ailes des chauves-souris...
« A ce moment-là, un pack de dix cerbères gros comme vingt brutosaures se sont jetés sur moi, tandis que tout le raid qui m’accompagnait avait détalé…. »
Jinta, qui coiffait les cheveux du Baron, soupira :
« __ Oui, et tu as sorti ton épée tu as achevé les dix autres qui étaient sur toi, et tu as battu à toi seul, toutes les troupes de Kil’Jaeden. Cela fait juste trois cent ans que tu nous racontes la même histoire, on se demande pourquoi tu es mort, si tu es si fort ?
__ Rien à voire ! C'est l'amant de ma femme qui m'a assassiné, il m'a fait manger du terrochet avarié, pour chiper ma boutique de poissons et ma femme avec ! »
Bwonsamdi rit :
« C’est ce qu’on appelle la pêche au gros ! Et dit pas n'importe quoi l'Orc, on t’a ramené tellement en mille morceaux, qu'on a cru que tu étais un puzzle ! Hmmmm… Parfait ma Jinta , dit-il en se levant. Le Baron sera encore le plus beau des bwo gosses ce soir, pour Jine et June ses jumelles invitées. Préparez-nous donc une table aux chandelles, à trois couverts ! »
Une bouteille de rhum à la main, que Straellice venait de lui apporter, Bwonsamdi se jucha sur une stèle et lança à la cantonade :
« Voyez la belle offrande que voilà ! Du rhum au nom du Baron ! La meilleure cuvée de tout Azeroh ! Ha ! Ha ! Ce viticulteur a du goût ! Donner mon nom a une cuvée, c'est assurance de bonne santé ! »
Les esprits applaudirent :
« Et c'est pas tout, le gentil viticulteur pour nous remercier de l'avoir débarrassé de son concurrent, nous envoie en direct du cabaret du Comté de l'or, le Slappy Horse, pas une, pas deux, mais toute sa troupe de danseuses ! Pas de l'elfette maigrelette, non ! Pas des danseuses mortes décharnées, non! De la bonne humaine fraiche et bien dodue, comme Jine et June pour papa ! fit-il en montrant la bouteille. »
Les applaudissements et les hourras retentirent ; aussitôt recouverts, par le plus terrifiant, le plus strident, des hurlements. Une bourrasque de vents telles que stèles et offrandes furent renversées, lampions et décorations furent saccagés.
«__ Fait la taire, par pitié ! » hurla Jinta à peine audible, dans la bourrasque.
Rajustant son haut de forme, le loa se dirigea vers la forme sombre, évanescente, qui se tenait immobile, près de l’entrée du cimetière :« Allons accueillir Madame Bwonsamdi» soupira-t-il résigné
« __ Mon épousée, s’inclina le loa, offrant un baise main.
Les vents et les cris diminuèrent d'intensité :
«__ Tu as encore oublié !!!! Tous les ans, tu oublies la fête de l'amour !
__ Pas du tout mon adorée, j'ai fait décorer le cimetière en ton honneur et... Je reviens juste de Chantorage ou je m'occupais de ton cadeau, c’est ce qui m’a retardé !
Hurlements et les tourbillons cessèrent aussitôt, le calme revint dans le cimetière :
« __ Oooh ! Pardon mon aimé d'avoir douté de toi ! Moi aussi j’ai un cadeau pour toi ! Sur ma route j’ai fait couler tous les navires qui traversaient les océans, et parmi eux, un bateau transportant des danseuses du lazy horse, pour que tes esprits aient droit aux spectacles, chaque samedi soir ! »
Derrière elle, des ombres affluaient... :
__ Mon épousée, fit Bonwsamdi masquant sa déception derrière une émotion feinte, toujours aussi prévenante à mon égard...Tu me connais si bien, tu ferais une mère si parfaite ! » Brigitte regardât son époux avec incrédulité :
« __ Ne me dit pas que...
__ Et si....Un enfant pour toi, mon amour. Bien vivant, quoique un peu diminué et convalescent.
Se jetant dans les bras de son mari,
__ Mon amour !! Notre rêve ! Mais ou est-il ? Pourquoi ne l'as-tu pas amené ici ?
__ Allons ma douce, c’est un vivant, et nous voulons le meilleur pour son éducation n'est-il pas ? Quoi de mieux qu'un temple afin de le préserver des souillures de ce monde, et des dépravations de ses parents ?
Brigitte sourit, et prenant la bouteille des mains de son mari, elle avala une gorgée :
« __ Allons, nous attabler ma mie, je te raconterai tout ça ; et bientôt nous irons lui rendre visite. »
Bras dessus, bras dessous, les deux amants se dirigèrent vers leur table dressée, le troisième couvert ayant été prestement débarrassé.
« Un enfant roi pour ma reine » dit Bwonsamdi, en embrassant Madame.
Merci, je pensais le précédent meilleur de tous en faite me suis trompé. A la lecture de celui ci, bravo pour le style pour l'écriture, en terminant la dernière phrase on se demande pourquoi il n'y en a pas plus, hope next saturday or sundays
Du coup Bonwdimanche : ) Et désolée pour le retard, ce conte ci a vraiment été écrit dans la douleur, en mode show must go on, mais j'en suis venue à bout.